Nous avons vu précédemment ce que les étudiants de BTS de notre échantillon pensent être les faits concernant la parenté homme / singe (rappel des résultats) Voici maintenant, pour chaque catégorie de répondants, ce qu’ils pensent spontanément de l’expression “l’homme descend du singe” ? Décryptage d’un discours souvent flou globalement épargné par les considérations religieuses.
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Synthèse
Une courte synthèse de ces résultats pourrait être celle-ci : pour les étudiants de BTS interrogés l’expression l’homme descend du singe est familière. Que ce se soit en bien ou en mal, elle renvoie de façon assez lointaine et diffuse à l’évolution ou à Darwin. Elle éveille par contre assez largement des « réflexes » de recherche de similitudes probablement acquis en cours de SVT, mais l’interprétation de ces similitudes trahit une incompréhension ou une méconnaissance des mécanismes évolutifs (s’il y a beaucoup de similitudes, alors, oui, c’est que l’homme doit descendre du singe…). Il y a une curiosité réelle par rapport à l’affirmation, mais, faute de bases suffisantes, pas suffisamment d’esprit critique permettant de résoudre seul ses interrogations. En conséquence, la posture est purement attentiste : la science doit me dire si c’est vrai ou pas, et c’est à peu près tout ce que j’ai besoin de savoir pour dissiper la confusion. Les étudiants antiévolutionnistes sont en proportion relativement limitée et émettent des doutes liés à des carences épistémologiques plutôt qu’une opposition ferme liée à des convictions religieuses. Nous ne devrions pas nous réjouir de la faiblesse du militantisme créationniste dans notre échantillon, mais plutôt appeler à la vigilance. Compte tenu des lacunes constatées sur les mécanismes évolutifs, il est en effet douteux qu’aucun de ces étudiants soit en mesure, par exemple, de réfuter la rhétorique frauduleuse de l’Intelligent design s’il s’y trouvait confronté. La notion de dessein est certes complètement absente des commentaires. Mais le concept de sélection naturelle, entre autres, l’est tout autant.
Détail: Quelques considérations transversales
Dans l’ensemble, les étudiants répondent avec sérieux à la question posée et transmettent du mieux qu’ils peuvent ce que leur suggère l’expression. Peu saisissent l’occasion d’une blague facile et ceux qui le font essayent d’être un peu plus originaux que les messages qu’on trouve habituellement sur les forums (« L’homme ne descend pas du singe, mais du mouton ». Cela change un peu du sempiternel singe qui descend de l’arbre).
À quoi renvoie l’expression le plus souvent ? Pas à Darwin ! Seuls 12 étudiants (environ 10 %) mentionnent le nom du savant britannique ou le darwinisme. Si l’on part du principe que l’homme descend du singe est un raccourci frauduleux des idées de Darwin, on se trouve assez loin de la vérité dans la mesure où… Darwin n’a pas l’air vraiment connu (ou, au choix, a été supplanté par la popularité de la formule qui lui est imputée). Pour ceux qui le mentionnent, le lien de « paternité » n’est pas forcément établi, mais quelques-uns assimilent bien directement la théorie de Darwin à l’idée que l’homme descend du singe (« Si l’on en croit la théorie de Darwin, oui l’homme descend du singe »). Peut-être aurons-nous un peu plus de succès avec la notion d’« évolution » ? À peine. Seulement 27 occurrences du terme parmi les commentaires ! C’est incroyablement peu (un étudiant sur cinq) pour un supposé raccourci universel de la théorie de l’évolution.
De quoi, donc, est-il massivement question à travers les réponses des étudiants ? De ressemblances. Ou plutôt de « similitudes », pour utiliser le mot qui revient comme un leitmotiv. Tout y passe : similitudes physiques, comportementales, psychiques, sociales…
Cette quasi-absence de la figure de Darwin, cette faible présence de la théorie de l’évolution et enfin ce recours quasi systématique à la recherche de points communs ne sont bien entendu pas fortuits. Ils reflètent certainement la façon encore incomplète dont est enseigné l’évolutionnisme au collège et au lycée. Impossible de savoir quel enseignement des SVT ont connu ces étudiants, mais voici ce que dit Corinne Fortin du programme de 1994 dans une réponse faite à une enseignante sur le forum Forum National de SVT :
« La démarche pour justifier de la parenté était fondée sur les similitudes de l’organisation du vivant au niveau cellulaire, anatomique, génétique. En vertu du partage des similitudes chez les différentes espèces, l’idée d’une origine commune était prononcée comme une évidence. »
Une chose est claire, la quête de similitude demeure au centre de la pédagogie. Il est patent, chez nos étudiants de BTS, que le réflexe a persisté. En voici un aperçu :
« Je suis d’accord avec cette expression, on voit bien en observant les singes qu’il y a énormément de similitudes, pas réellement physiques, mais dans certaines manières » ; « L’homme et le singe ont un ancêtre commun, d’où découlent des similitudes comme le mode de vie en société ou l’application de règles sociales » ; « Le singe est l’animal qui ressemble le plus à l’homme physiquement ; l’homme est une évolution du singe, il se tient plus droit, il a moins de poils, il se tient debout alors que le singe est plus courbé, ne se tient pas beaucoup debout… le singe est intelligent et vit en société, comme l’homme, mais l’homme travaille plus son cerveau en l’éduquant ».
Cette dernière citation ressemble à s’y méprendre à un effet pervers de la pédagogie développée : la recherche de similitudes vire à la performance, c’est à celui qui en débusquera le plus ! (certains paléontologues se reconnaîtront peut-être aussi dans ce travers…)
Second écueil de la méthode, l’existence de similitudes ne prouve en soi aucune parenté. Ce dont témoigne Corinne Fortin (à la suite de sa réponse précédente) :
« Pour les élèves, le fait de partager autant de similitudes n’est pas nécessairement compris comme un argument en faveur d’une origine commune. L’obstacle qu’ils rencontrent n’est pas d’ordre pédagogique, mais bien épistémologique, c’est-à-dire intimement lié à la construction du savoir scientifique. Un retour à l’histoire des sciences nous rappelle que Cuvier et les fixistes utilisaient ce même argument du partage des similitudes pour justifier de la fixité des espèces. »
Exemples pris chez nos étudiants de BTS :« Les similitudes entre l’ADN humain et celui du cochon sont nombreuses, certaines greffes ont même été réalisées, ce n’est pas pour autant qu’il y a un lien de parenté ». Cette autre opinion particulièrement alambiquée révèle une confusion totale sur les interprétations de ces similitudes : « Beaucoup de similitudes ont été détectées entre l’homme et le singe ; ils semblent donc avoir un ancêtre commun, mais l’évolution semble aussi jouer un rôle concret dans leur descendance… [série de points d'interrogation marquant l'incompréhension] »
Comme l’explique Corinne Fortin, montrer n’est pas démontrer, et l’apprentissage des mécanismes évolutifs fait défaut pour comprendre ce qui est montré :
« Bien sûr, les difficultés épistémologiques rencontrées par les élèves ne seront pas gommées, de facto, par la présentation des mécanismes évolutifs. Mais, les schémas mentaux erronés qu’ils ont, en particulier, sur la sélection naturelle (ex. : la loi du plus fort, la lutte pour la survie, etc.) pourront à cette occasion être rectifiés. Les élèves disposant de quelques éléments explicatifs (et pas seulement descriptifs) seront, plus à même, du moins faut-il l’espérer, dès la classe de seconde, d’avoir un premier regard critique sur le discours créationniste. »
Concrètement, concernant la recherche de similitudes, il s’agit de faire comprendre aux élèves qu’elles s’inscrivent dans un processus à deux étapes : d’abord d’un pari sur une parenté que l’on peu perdre ou gagner, et ensuite seulement, si le pari est gagné, d’un résultat ayant valeur de preuve phylogénétique.
Examinons maintenant les commentaires des répondants à notre questionnaire en fonction de la réponse qu’ils ont apportée à la question de connaissance.
Détail – commentaires par catégories de répondants
• « Je refuse de répondre à cette question » — 2 %
Seuls trois étudiants ont refusé de répondre à la question. Le motif de l’un d’eux est sans ambiguïté religieux et ouvertement suspicieux à l’égard du savoir établi : « Rien ne nous dit que la vérité est celle que l’on nous dit et redit. Cette expression est la contradiction totale de la Bible et cela suscite de réels problèmes entre chrétiens et scientifiques. » Le motif de refus des deux autres n’est pas suffisamment clair pour être lié à des convictions religieuses.
• « Je ne sais pas » – 12 %
Qui sont les étudiants qui ne savent pas (ou le prétendent) ? Parmi les 15 personnes avouant sécher sur le sujet, une seule apporte un commentaire qui exprime un doute lié à des croyances religieuses (et il s’agit bien de doute, puisqu’elle aurait pu cocher l’une des deux réponses niant l’évolution en cas de conviction plus affirmée) :
« J’ai longtemps entendu que l’homme descend du singe ; jusqu’à un certain âge, j’y ai cru, car des historiens ont démontré des similitudes entre eux. Or aujourd’hui, je suis dans le doute, car si l’homme descend du singe cela revient à remettre en cause la création de l’homme par Dieu ».
Les autres ont, pour la plupart, de réelles interrogations sur la question et estiment n’avoir pas les cartes suffisantes en main pour trancher. D’un individu à l’autre, la balance pourrait pencher d’un côté ou de l’autre :
« Nous sommes des mammifères ressemblant beaucoup aux singes. Les espèces ont évolué. Même l’espèce humaine continue à évoluer. Alors pourquoi pas. » « Je ne pense pas que nous descendions du singe en lui-même, peut-être d’une forme de primate plus évolué. La théorie de l’évolution est et sera toujours très controversée. Pour ma part, mes connaissances dans le domaine scientifique ne sont pas assez précises pour que je me prononce sur le sujet. » « Je suis un singe en fait ; c’est incroyable, comment un singe peut-il devenir un homme ? »
Pour ces étudiants en pertes de repères, c’est plutôt la science qui est prise en défaut :
« Les recherches prêtent à confusion », « Cela s’est passé il y a longtemps et les solutions à cette question peuvent être multiples »
… Mais il est vrai que leur registre de preuve est parfois un peu particulier : « L’humain mange des bananes comme les singes » !
Enfin, d’autres étudiants soulignent que l’expression est fausse, mais ne trouvent manifestement pas chaussure à leur pied dans les autres réponses proposées.
• « Aucune des trois premières propositions : les espèces n’évoluent pas » – 4 %
Attaquons-nous aux étudiants qui ont nié l’évolution en bloc. Ils ne sont que cinq et leurs commentaires ne surprendront pas :
« C’est absurde, l’homme est créé par Dieu. Cette expression n’est pas fondée. Certes, le singe nous ressemble, mais nous ne descendons pas de lui » ; « ce n’est qu’une expression, l’homme ne peut pas être identifié à un animal ». On retrouve l’argument préféré du créationnisme : « Je ne suis pas de cet avis. Le singe existe encore aujourd’hui ».
Similitudes, ressemblances, d’accord, mais parenté et évolution, pas question. Chez une personne, on voit poindre un doute très honnêtement exprimé : « Lorsque j’entends cette phrase, j’ai tendance à vouloir y croire, mais ma religion me dit le contraire. Mais j’avoue qu’il y a une très grande ressemblance entre les deux. » Qui a dit que l’expression l’homme descend du singe était forcément nocive ? Dans ce cas précis, elle suffirait presque à convaincre de la réalité de l’évolution !
• « Aucune des trois premières propositions : l’évolution des espèces ne concerne pas l’homme » – 15 %
Qu’en est-il de nos antiévolutionnistes sélectifs, ceux qui pensent que l’homme mérite une dispense compte tenu de son statut d’exception ? Parmi eux, seuls cinq (sur 22) font valoir une création divine de l’homme, avec une conviction très variable :
« L’homme ne saurait descendre du singe, il y a un Dieu créateur qui a créé l’homme » ; « plusieurs motifs nous font penser que c’est la vérité, plusieurs preuves… mais il y a aussi la religion ».
À nouveau, chez certains de ces croyants, on sent poindre un tiraillement authentique entre leurs croyances et leur volonté d’en savoir plus, comme cet étudiant qui aimerait vraiment avoir le fin mot de l’histoire (mais n’a pas assimilé les principes de base de l’évolution) :
« Il faudrait que l’on sache un jour qui fut présent en premier et savoir réellement lequel est né de l’autre. Cette phrase ne serait-elle pas une façon de contrer la religion et ainsi de prétendre la non-existence de Dieu en reniant ainsi le père Créateur ? Et puis pourquoi certains restent singes ? Sommes-nous au départ un singe et on tire ensuite à pile ou face ? »
Chez ceux qui ne laissent transparaître aucune conviction religieuse, on trouve un certain nombre de remarques indignées : la parenté simienne dérange, manifestement, et cela seul suffit à décréter que l’homme n’évolue pas. Pour ces victimes de nos représentations anthropocentriques, chacun chez soi, les singes dans l’arbre et l’évolution sera bien gardée :
« L’homme est un être humain et le singe un animal » ; « Je ne pense pas qu’un animal puisse engendrer un être humain » ; « La ressemblance est forte, mais je ne crois pas à cette théorie ; néanmoins, le singe reste un animal doté d’intelligence, parfois même surprenant » (Merci pour lui).
Une bonne façon de contourner le problème est d’expliquer que la similitude était surtout vraie pour notre véritable ancêtre, encore mal dégrossi, qui ressemblait un peu plus à un singe :
« Les deux espèces n’ont rien en commun, c’est juste que l’homme préhistorique a des ressemblances avec le singe, mais avec l’évolution des races, l’homme a changé » ; « Ce n’est pas cohérent, l’homme descend d’une espèce disparue, l’homme de Néandertal, tandis que le singe est toujours un primate avec une intelligence qui est restée pauvre » (encore merci).
On soulignera ici que le terme de préhistoire, l’homme de Néandertal, celui de Cro-Magnon, Lucy, etc. sont des objets aux contours flous – et que les chercheurs qui s’attachent à démontrer que l’homme descend du singe sont des « historiens » (paléontologie ne fait pas partie du vocabulaire ; par ailleurs, pour rester sobre sur l’orthographe, ma préférence va à l’« hostralopitec »).
Pour en terminer avec ce groupe d’étudiants, il faut noter deux commentaires qui nous renvoient à la connotation raciale de l’expression :
« Cette phrase a une connotation raciale », « Cela conduit à stigmatiser l’homme noir »
• « L’homme descend du singe » – 32 %
Autant le dire franchement, le tiers d’étudiants qui pense que l’homme descend du singe est parfaitement à son aise avec cette inexactitude, et ce de façon très homogène. « C’est scientifiquement exact ». Ce sont des « études » ou des « ouvrages » qui le disent. « C’est véridique, l’homme est une évolution du singe. Nous venons tous du singe. »
Pour la plupart, cette conviction procède essentiellement d’une chose : les similitudes. Ce sont d’abord elles qui montrent que l’homme descend du singe :
« Les études scientifiques ont pu prouver que l’anatomie humaine est semblable à celle du singe » ; « C’est une expression sûrement exacte à cause de la ressemblance troublante qu’il y a entre les hommes et les singes »
Comme le craignait Corinne Fortin, le principe de monstration trouve pleinement ses limites si l’on ne dit rien des causes explicatives du fait montré.
L’intérêt ou l’affection pour les singes renforcent le sentiment de proximité (ici, pas de susceptibilité anthropocentrique mal placée) et amènent quelques arguments un peu naïfs :
« Il n’y a pas de différence entre l’homme et le singe, nous avons tous des sentiments : quand on observe un groupe de singes, on voit qu’ils se font des câlins, qu’ils rient… » ; « je dois être l’une des seules à penser ça, mais OUI, je suis passionnée par les singes, je regarde des documentaires, je lis des articles et je trouve assez hallucinante la ressemblance que les hommes ont avec les singes… ils se grattent pareil ».
En dehors de cette recherche de similitudes, peu de mentions faites de l’évolution. Les étudiants y croient sans conteste, la mentionnent parfois, tentent quelques explications plus ou moins maîtrisées (« L’ancêtre de l’homme est le singe. Les évolutions des espèces sont en parallèle et non en ligne continue. Nous avons tous à un moment un ancêtre commun. Les évolutions et les milieux de vie ont donné naissance à tous les êtres vivants qui coexistent aujourd’hui sur la terre »), mais, dans l’ensemble n’ont pas besoin d’aller chercher d’autre preuve que la ressemblance : « Au niveau scientifique, il a été prouvé que l’homme descendait du singe. Selon moi, des attitudes, des gestes, certains rituels sont similaires et nous prouvent que l’homme a un lien ancien avec le singe. » Peut-être influencés par l’expression, les tenants de l’homme descend du singe ne perçoivent pas l’évolution comme un phénomène continu, mais plutôt comme des sauts ponctuels (on évolue un temps puis on fait une pause ; il y a eu « plusieurs » évolutions). Certains s’inquiètent même de ce qu’il adviendra de l’espèce humaine : « Si c’est ainsi, quel genre d’espèce les humains deviendront-ils dans les siècles à venir ? Allons-nous nous transformer complètement ? »
Des antiévolutionnistes déguisés ont-ils cochés « par erreur » la case l’homme descend du singe ? C’est peut-être le cas de cet étudiant qui dénonce un conditionnement qu’il ne semble pas apprécier : « Cela m’évoque une réalité que l’on nous a toujours inculquée (sic). En effet, avant d’être un être humain, chaque personne était un “singe” ».
Plus intrigante est cette espèce hybride de créationniste athée : « Même si je ne suis pas croyante, je préfère me dire que l’homme descend d’Adam et Ève ».
• « L’homme et le singe ont un ancêtre commun » – 34 %
Nos 34 % d’étudiants avec la réponse juste sont-ils de fervents évolutionnistes ? Ont-ils simplement bien appris leur leçon ? Ou encore, ont-ils simplement eu de la chance ?
À vrai dire, ils sont bien peu à avoir tordu le cou à l’expression l’homme descend du singe dans leur commentaire et, plus globalement le contenu scientifique de leur discours reste pauvre – quand il n’est pas sans queue ni tête. Les avis clairement exprimés sur la question sont rares :
« L’homme et le singe ont un ancêtre commun. Cet ancêtre est virtuel et suite à certaines mutations/adaptations génétiques, certaines espèces telles que l’homme et le singe ont pu apparaître. Si l’homme “descendait” du singe, il n’y aurait plus de singe. »
Quelques mentions de Darwin et de l’évolution. Une bonne dose de similitudes, rarement de faits concrets (« L’homme et le singe ont leur ADN similaire à 90 % ») et quelques dérapages incontrôlés (« Je dirais plutôt qu’il est un cousin de l’homme ou le mélange du singe et d’une molécule qui s’est ajoutée à cette race »). La plupart s’accommodent plutôt sinon complètement de l’expression :
« Je suis tout à fait d’accord avec cette expression, d’après ce qu’on remarque comme ressemblance, on peut supposer que l’homme descend du singe ».
Parmi les failles révélatrices, celle consistant à croire que le singe n’a pas évolué ou que l’homme est supérieur :
« Je ne pense pas que l’homme descend du singe, car si c’était le cas, lui aussi aurait évolué à notre niveau » ; « La morphologie de l’homme et du singe est la même, à quelques exceptions près ; avec le temps et les études, on sait que l’homme est supérieur au singe ».
Quelques-uns relèvent la contradiction logique interne de l’homme descend du singe, mais sans arrière-pensée créationniste (peut-être ont-ils eu un enseignant de SVT qui mettait à profit l’expression pour en démontrer l’absurdité) :
« A mon avis il existe une évolution de l’espèce ; néanmoins, si l’homme est l’évolution du singe, pourquoi le singe est-il toujours là ? »
La coexistence de propositions justes et de représentations erronées embrouille certains esprits :
« Le singe est notre ancêtre : l’homme a juste subi une évolution différente à un moment donné ; mais le singe existe toujours… alors descendons-nous vraiment du singe ou sommes-nous juste cousins ? »
S’il est difficile de déterminer si certains ont répondu vraiment au hasard à la bonne question, on n’en repère en tous cas qu’un seul à avoir vraisemblablement coché la réponse attendue sans y adhérer : « C’est hors religion et purement scientifique ; cette expression semble irréaliste, pourquoi les autres singes n’ont-ils pas évolué ? »
Une posture de dissimulation minoritaire à laquelle on préférera sans doute le défaut de connaissance du plus grand nombre.